Série N°10: C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe

Les yeux encore mi-clos, j’entends au loin le bruit d’une veille brouette qui suit un chemin de feuilles rouges et orangées tout juste tombées des arbres.
C’est déjà la fin de l’automne dans ce petit coin de Normandie.

Au fond du jardin les légumes ont pris le temps de pousser et de grandir. Au fil des saisons, abreuvés par la pluie et embellis par les rayons du soleil.
Les mains rugueuses qui s’en approchent ont longuement travaillé la terre.
Les pommes de terre et autres carottes comme attendries par ces mains marquées par le dur labeur se laissent volontiers cueillir dans le but de combler les palais des petits et grands.

Les bottes pleines de boue devant l’entrée de la maison, les joues rougies par le froid et une cagette à la main, une voix roque vient glisser une phrase à mon oreille: « Regarde ! La récolte a été généreuse aujourd’hui »
Quelques instants plus tard j’entends un bruit de clapotis. Je reconnais le doux son de la marmite qui va mijoter ainsi une matinée entière au coin de la cuisinière en fonte, cette même cuisinière qui fait également office de poêle à bois pour l’hiver.
Un doux parfum en suspens embaume la pièce à vivre d’une odeur exquise qui éveille déjà les papilles.

Il est midi, tout le monde se réunit à table. Le facteur et un voisin se sont également invités au repas.
La soupe a le goût de la générosité. Les légumes écrasés à la main marient leurs saveurs dans un mélange à la fois crémeux et rempli d’aspérité.
Le pain de campagne et le vin de table et le couteau et poche en bois vient compléter la scène de mes souvenirs d’enfance.

Cette série éveille les souvenirs de quelques plaisirs simples de la vie.